L'Intelligence Artificielle est au cœur des débats et des avancées technologiques de notre époque. Dans le cadre de la Tech Supreme Court le 19 octobre prochain, nous avons eu l'opportunité d'interviewer Viviane Reding, une personnalité renommée du monde politique européen. Ancienne Vice-Présidente de la Commission européenne et fervente défenseure des droits numériques, Viviane Reding a partagé ses réflexions sur divers aspects de l'IA, de sa popularité croissante à ses implications potentielles et à la nécessité d'une réglementation appropriée.

TS : Quelles sont les raisons qui vous ont incité à participer à la Tech Supreme Court sur l’IA ?

VR  :  « Je considère la Tech Supreme Court comme un événement extrêmement intéressant, qui explore de manière approfondie les arguments tant en faveur qu'à l'encontre de diverses questions liées à l'intelligence artificielle. De plus, elle offre une rare opportunité de fournir aux générations plus jeunes, ainsi qu'à ceux en quête de connaissances, un équilibre d'informations, une perspective qui est souvent difficile à trouver dans les médias traditionnels. »

TS : Quels sont les facteurs qui expliquent l'ascension fulgurante de l’IA et son omniprésence actuelle ? S'agit-il simplement d'une tendance momentanée, ou y a-t-il des évolutions plus profondes à considérer ?

VR : « Il est vrai que de nombreuses tendances connaissent des moments de popularité éphémère. Cependant, l'importance de l’IA va bien au-delà de la simple notion de tendance passagère, résidant dans sa représentation en tant que système pouvant être exploité à la fois pour des finalités bénéfiques et préjudiciables. L'IA est une méthode, car elle repose sur l'utilisation de données – qu'elles existent déjà ou qu'elles soient collectées –, combinées à des algorithmes créés par des êtres humains. Cela signifie que l'IA peut avoir des vulnérabilités et des failles potentielles. Ainsi, son impact sur la société peut être double : elle peut servir à l’humanité, mais elle peut aussi présenter une menace si mal utilisée. Il revient aux spécialistes et aux responsables politiques de faire la distinction entre les applications de l'IA ayant des impacts positifs de celles susceptibles d’entraîner des conséquences négatives. »

TS : Selon vous, quels développements futurs du domaine de l'intelligence artificielle vous semblent les plus prometteurs ?

VR : « Il est difficile de donner une réponse catégorique, car l’IA aura un impact généralisé sur toutes les activités humaines et économiques. Un nouveau développement fulgurant sera provoqué par l'informatique quantique. Lorsque l'informatique quantique sera pleinement opérationnelle, elle promettra des vitesses de traitement hautement supérieures à celles des ordinateurs actuels, ouvrant la voie à d'énormes avancées lorsqu’elle est combinée à l’IA. Par conséquent, il est essentiel d'anticiper ces développements en mettant en place une réglementation proactive pour en encadrer les implications. »

TS : En tant qu’ancienne Vice-Présidente au sein de la Commission européenne, pourriez vous nous offrir un aperçu sur la position actuelle, les orientations et perspectives de la Commission européenne concernant l’IA ?

VR : « La Commission européenne s'est engagée dans l'élaboration de réglementations pour encadrer l’IA. Cette initiative n'est pas isolée, car d'autres entités telles que le G7, les Nations Unies, le Conseil de l'Europe et d'autres organismes travaillent également sur la réglementation de l'IA. Forte de l'expérience acquise avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD), la Commission européenne reconnaît que des réglementations non assorties d'obligations effectives s'avèrent inefficaces. Par conséquent, l'Union européenne envisage d'adopter des réglementations plus incisives que celles préconisées au niveau international. »

Dans cette série spéciale Tech Supreme Court, retrouvez également les interviews exclusives de Laurent Kratz, Mark D.Cole, Djamila Aouada, Leila Rebbouh et Maxime Derian.

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