Olivier Nosetti : Piloter la transformation digitale à la Banque de Luxembourg
Kamel Amroune I 1:20 pm, 4th December
La transformation numérique est devenue un enjeu incontournable pour les institutions financières. Olivier Nosetti, responsable des chantiers de transformation à la Banque de Luxembourg, nous partage sa vision sur les stratégies à adopter pour réussir cette transition tout en intégrant les innovations technologiques et en gérant les défis organisationnels liés à cette évolution constante.
En tant que responsable des chantiers de transformation à la Banque de Luxembourg et directeur chez Euro Information International, quelles sont vos principales priorités en matière de transformation numérique ? Pouvez-vous nous parler des projets clés que vous avez mis en place pour faire évoluer l'infrastructure digitale de la banque ?
La transformation numérique a ceci de particulier qu’il s’agit d’une transformation qui s’inscrit à la fois dans la rupture - caractéristique des évolutions techniques sous-jacentes - et dans la continuité « transformation as usual » car c’est aussi un process itératif avec un contenu en évolution constante. Il s’agit donc pour nous d’adresser ces deux aspects en faisant évoluer en parallèle nos fondations techniques, nos outils et nos pratiques. Cette volonté de relier ces trois aspects est caractéristique de notre approche et se retranscrit logiquement dans nos projets clés. Pour n’en citer que quelques-uns, il s’agira par exemple d’adopter au sein de notre infrastructure des technologies et des architectures Cloud native, de développer les approches DEV-SEC-OPS qui vont de pair et d’adopter l’agilité à l’échelle, là où cela est pertinent. Ces efforts visent à accélérer le renouvellement des outils digitaux de nos clients, tout en maintenant nos exigences en termes de qualité et de robustesse.
Une organisation dédiée à la conduite de la transformation autour
de ces projets a été créée il y a un peu plus d’un an après suite à l’évolution
de la structure et des missions des équipes IT. Nous nous appuyons également
sur une équipe dédiée à la gestion du changement pour assurer une bonne
adhésion au sein de la banque.
Comment parvenez-vous à aligner les
technologies émergentes (IA, automatisation, blockchain, etc.) avec les besoins
métier tout en assurant une intégration fluide dans l’ensemble de
l’organisation ?
C’est un véritable défi qui demande une réflexion poussée sur
l’organisation et une identification précise des besoins. Il est nécessaire de
posséder un dispositif flexible, capable de s’adapter aux différents niveaux de
maturité et d’adoption de ces technologies. Face à un tel défi, la
qualité et l’expérience des collaborateurs, tant au sein des équipes IT que
Transformation, constituent des facteurs clés. L’intégration de ces
technologies dans l’organisation bénéficie également de l'existence d'une véritable
culture technologique dans certains départements métiers de la banque.
Enfin nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur les équipes informatiques du groupe avec qui nous collaborons régulièrement sur ces sujets. Par exemple, en ce qui concerne l’IA, nous pouvons compter sur l’équipe de notre CDO pour capter et qualifier les besoins métiers, ainsi que sur l’expertise unique de la Cognitive Factory d’Euro Information pour définir les bonnes pratiques et tirer parti de l’expérience accumulée au fil des années.
Le Cloud joue un rôle central dans la
modernisation des infrastructures IT. Comment avez-vous intégré ou
prévoyez-vous d'intégrer le Cloud dans la stratégie technologique globale de la
banque ?
Concrètement, nous transformons notre infrastructure technique
depuis plusieurs années en adoptant une architecture Cloud native à grande
échelle. Cette transition va bien au-delà d’une simple modernisation de
l’infrastructure et réalise à 99.9% sans recours à l’externalisation, une
approche qui semblait jusqu’à très récemment singulière à mes interlocuteurs de
la place, bien que les mentalités commencent à évoluer.
Gardons en tête qu’en plus du risque de concentration, l’hébergement
dans le cloud amène des risques de confidentialité des données, notamment en
raison des accès informatiques des opérateurs cloud. De plus, il existe une
incertitude juridique liée à l’extra-territorialité de certaines lois, comme
l’US Cloud Act, qui permet à l’Administration américaine d’accéder à toute
donnée stockée dans un cloud opéré par une entreprise américaine, représentant
environ 65% du marché mondial.
En accord avec la politique de notre maison mère, la banque ne
prendra pas de tels risques sans garanties complémentaires. Ces garanties sont
justement en train d’être amenées au travers des offres de cloud souverain qui
arrivent sur le marché. En ayant acquis une bonne maitrise de la
technologie et avec des architectures adaptées, nous serons en mesure de
tirer pleinement parti de ces solutions tout en garantissant un haut niveau de
réversibilité.
La sécurité des systèmes d'informations est
une préoccupation majeure dans le contexte numérique actuel. Comment gérez-vous
la cybersécurité et les risques associés à l'adoption des nouvelles
technologies, telles que le Cloud, l'IA et les outils d'automatisation ?
La sécurité des systèmes d’informations et des données est un
principe fondamental, une obligation quasi existentielle dans notre secteur
d’activité. Comme mentionné précédemment, notre approche des nouvelles
technologies intègre dès l’origine les problématiques de sécurité et de
confidentialité. Cela implique d’être en mesure d’adopter des approches assez
radicales, comme cela a été le cas pour le cloud.
Je ne m’étendrai pas davantage sur ce sujet car les informations
en « source ouverte » sont une ressource précieuse pour nos
attaquants. Cependant, il est important de souligner que la résilience,
que ce soit avec ou sans la mise en œuvre de DORA, demeure un enjeu central.
Les compétences des équipes sont cruciales pour mener à bien
une transformation numérique. Comment gérez-vous l’acquisition, la formation et
la rétention des talents technologiques au sein de la Banque de Luxembourg ?
La guerre des talents à Luxembourg n’est pas une vue de
l’esprit ! Les talents ne sont pas toujours faciles à recruter et la
concurrence, même au-delà du secteur financier, est âpre. La Banque de
Luxembourg figure parmi les marques employeurs les plus attractives du marché
et nous collaborons étroitement avec notre business partner RH pour relever ce
défi.
Il n’y a pas de recette miracle : proposer des
missions stimulantes et technologies de pointe, offrir un accès à de
nombreuses formations, ainsi que de proposer des parcours de carrière adaptés
aux profils IT sont incontournables.
Je vous connais aussi en tant qu'ultra
trailer accompli si vous deviez faire un parallèle entre cette passion et l'IT
ce serait lequel ?
Aussi étonnant que cela puisse paraître, on retrouve une belle
proportion de salariés du secteur IT dans le monde de l’ultra endurance. Peut-être
existe-t-il un lien : l’adaptabilité constante et la persévérance ?
Pour ma part ce sont deux choses bien distinctes. Mes expériences en ultra-endurance
font surtout contrepoids à ma vie professionnelle. J’apprécie de me retrouver
pendant des heures ou pendant les jours de course, seul, dans ma bulle en
autonomie complète, puis de revenir travailler en équipe et interagir continuellement
avec mes parties prenantes.
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